Au revoir Renata Lasker-Harpprecht

Au revoir Renata, nous avons eu l’honneur, la chance de vous connaître et nous savons que « le temps n’efface pas la trace des grands esprits ». Brigitte Rinaudo-Pineau, conseillère municipale Histoire Patrimoine

Renata, rescapée d’Auschwitz

Deuxième fille d’un grand avocat et d’une mère violoniste naît en 1924 à Breslau*. Dès l’enfance, avec ses soeurs Marianne l’aînée et Anita sa cadette, elle apprend le français, l’anglais, l’italien mais aussi le piano, le chant… La tragédie s’abat sur la famille avec le nazisme : ses grands-parents puis ses parents sont déportés et assassinés. En 1941, avec Anita** elle travaille dans une décharge puis en usine. Résistante, elle fabrique des faux papiers pour des prisonniers Français du Service du Travail Obligatoire et, puisqu’elle maîtrise cette langue, décide de s’enfuir en France avec sa soeur. « Peu modeste, j’avais choisi pour nous deux le patronyme de Montaigne ! » racontait-elle avec humour. Arrêtées au départ en septembre 1942, elles seront emprisonnées au pénitencier de Jauer, séparées, déportées à Auschwitz début 1944 (numéro tatoué 70159) où elles se retrouveront. Elles échapperont de peu à la mort, seront transférées à Bergen-Belsen où elles seront libérées en avril 1945.
Anita, la violoncelliste d’Auschwitz, épaulée par Renata a raconté leurs drames dans « La Vérité en héritage » (éd. Albin Michel). Après leur libération et mille péripéties, Renata devient interprète en français, anglais, italien. En 1946, elle arrive en Angleterre, rentre à la B.B.C., devient speakerine puis journaliste.

Le devoir de mémoire

En 1947, elle épouse M. Allais, journaliste Français avec qui elle découvrira La Croix Valmer autour des années 50. Après avoir divorcé, en 1961, elle se remarie avec Klaus Harpprecht, écrivain également journaliste à la B.B.C. Elle l’accompagne dans ses multiples reportages, aux U.S.A. où ils interviewent Martin Luther King…, en Italie, à la grande époque de la Cinecitta où ils côtoient les plus grands acteurs et réalisateurs (magnifiques photos de Renata aux côtés de Gina Lollobrigida). Enfin, retour à Berlin où Klaus devient le secrétaire, « la plume » de leur ami le chancelier Willy Brandt qu’ils inviteront à La Croix Valmer, dans leur villa.

D’une intelligence remarquable***, toujours aimable, distinguée, élégante, pleine d’humour, Renata aimait la vie, les gens et adorait La Croix Valmer ! Jusqu’au bout elle a témoigné pour un travail de mémoire sur la Shoah, pour que l’on n’oublie jamais : sans haine, avec dignité, émotion elle intervenait dans les écoles, les lycées, participaient aux cérémonies commémoratives, à la vie locale...

* En Allemagne
** Marianne était restée en Angleterre où elle séjournait
*** Elle avait aussi appris l’espagnol, publié un livre…